Préparer le terrain pour la relance et l’après-crise

Malgré un déconfinement un peu partout en Europe (d’ailleurs peu coordonné) suite à la décrue de l’épidémie, il est trop tôt pour crier victoire ! Le risque d’une deuxième vague reste latent et le retour à la normale d’un point de vue socio-économique paraît loin. Les dirigeants d’entreprises continuent à naviguer à vue faute de visibilité, tout comme les dirigeants politiques. En l’absence d’une certitude autour de l’efficacité et de la disponibilité d’un vaccin, il reste donc extrêmement difficile de se prononcer sur l’après-crise, même pour un Etat de petit espace comme le Luxembourg.

Comment la crise façonnera-t-elle les différents secteurs de notre économie, les comportements des consommateurs, les business plans des producteurs, le potentiel d’innovation des entreprises, les stratégies des investisseurs, l’aversion au risque des jeunes entrepreneurs, la propension à épargner des ménages, la capacité de soutien des financiers et banquiers, les finances publiques, le programme de la coalition gouvernementale ?

Malgré l’absence de réponses claires à ces questions, il serait irresponsable d’attendre l’évolution des choses en réagissant aux changements au jour le jour. Malgré les incertitudes et interrogations par rapport aux retombées finales de cette crise, il faut agir de manière proactive, anticiper les effets de la crise sur les acteurs économiques en implémentant des mesures d’aides efficaces et rapides et préparer l’après-crise avec un plan de relance ambitieux.

Les uns diront que les mutations seront profondes, que le monde ne sera plus le même après cette crise inédite et que la société vivra différemment après certains excès et déviations du passé. D’autres font le lien entre la pandémie et le réchauffement climatique, pour prôner un changement fondamental, bienvenu selon eux, au sein de notre civilisation après cet avertissement fort, lancé par un virus extrêmement dangereux à la fois sur le plan sanitaire et d’un point de vue économique.

D’autres encore estiment que le monde a déjà vu d’autres crises et que notre pays pourra espérer un retour à la normale après une phase transitoire plus ou moins longue et pénible. Sa durée dépendra notamment de l’efficacité des mesures sanitaires en place et de la disponibilité d’un vaccin. Sa vigueur dépendra des mesures d’accompagnement étatiques mises en œuvre pour compenser les pertes socio-économiques subies par les entreprises et les ménages.

Le Luxembourg a jusqu’à présent bien géré la situation en matière de crise sanitaire, en comparaison avec d’autres pays européens. Ceci peut servir d’exemple positif pour la gestion de la crise socio-économique sans précédent et pour l’établissement d’un plan de relance audacieux. Le programme de soutien du Gouvernement aux entreprises peut impressionner par son volume global. Cependant, aux yeux de nombreux entrepreneurs/dirigeants/indépendants qui appellent la helpline de la Chambre de Commerce[1], ce soutien est à relativiser d’un point de vue micro-économique : pour certains, la situation financière est désespérée et malgré cela, ils sont non éligibles pour certains types d’aides directes. Pour d’autres, les aides allouées jusqu’à présent pour couvrir leurs pertes subies sont largement insuffisantes. Encore d’autres sont satisfaites du soutien gouvernemental alors que les aides dont elles bénéficient sont plus généreuses que dans d’autres pays européens. Finalement, certains secteurs, dont notamment celui de la finance, ne sont que peu touchés à ce stade et espèrent qu’il n’y aura pas une contagion déphasée des effets de la crise sur leurs activités. 

L’après-crise ne peut se concevoir sans entreprises saines, innovantes et rentables, sans tissu économique diversifié, sans secteurs agiles, aptes à répondre aux nouvelles tendances et à la demande des consommateurs, sans acteurs, jeunes et indépendants ouverts à la prise de risque. Donc il faut s’assurer que toutes ces femmes et hommes dirigeants et entrepreneurs puissent survivre et traverser la crise socio-économique actuelle qui risque de durer encore plusieurs mois. Il faut donc sauver au maximum la substance économique créée par ces femmes et hommes, pour disposer d’un socle solide à partir duquel ils pourront puissamment contribuer à la relance de l’économie.

Sauver la substance des entreprises dans cette période de déclin économique est un véritable défi.

Le déconfinement sera tout sauf une libération pour nos entreprises. Prenons l’exemple du secteur de la construction, où les mesures sanitaires pourraient, selon certaines indications émanant du secteur, abaisser jusqu’à 10% la productivité du travail, tout en augmentant les coûts fixes, redoutable « effet de ciseaux » jouant à l’encontre de marges bénéficiaires qui ne dépassaient déjà guère les 3% avant la crise. Citons aussi les hôtels, les restaurants, le tourisme et l’événementiel, où l’activité reste fermée à l’heure actuelle et restera durablement en retrait et problématique après l’ouverture.

Une enquête effectuée auprès des entreprises par la Chambre de Commerce, du 8 au 15 avril 2020, indique que 60% des commerces hors alimentation et 72% du secteur de l’horeca n’auront plus de liquidités à partir du 1er mai. Selon des calculs de la Chambre, si 40% des entreprises de ces deux secteurs d’activité devaient disparaître à cause de cette période d’inactivité prolongée (ou du moins d’activité « à basse fréquence »), les administrations publiques perdraient près de 1 milliard d’euros (en recettes fiscales et cotisations sociales moindres et en indemnités de chômage additionnelles).

Dans ces secteurs et de nombreux autres, le déclin attendu du PIB[2], pourtant déjà spectaculaire, sous-estime donc largement l’ampleur des défis posés à nos entreprises, notamment en ce qui concerne leurs marges bénéficiaires et leur capacité à payer plus tard des charges fiscales et cotisations reportées et à rembourser des aides accordées par le Gouvernement, ou encore d’autres charges faisant à court terme l’objet d’un moratoire.

Beaucoup a été fait, beaucoup reste à faire !

Si beaucoup a été fait par les autorités pour assurer, dans ce contexte difficile, le fonctionnement de notre économie et pour éviter des dégâts permanents tels que des faillites, avec pour figure de proue un programme de stabilisation considérable de quelque 10,4 milliards EUR, soit 17,5% du PIB, ces montants reposent cependant de manière largement prépondérante sur des dispositions qui consistent en des aides remboursables et à garantir des crédits bancaires et à octroyer des délais de paiement aux entreprises, surtout en ce qui concerne les charges fiscales. Or, même s’ils sont incontestablement bienvenus, de simples reports de charges ne permettent pas à eux seuls de faire face aux risques déjà mentionnés d’effondrement des marges des entreprises, y compris pendant la période de reprise progressive de l’activité.

La mesure de flexibilisation du chômage partiel pour cas de force majeure Covid-19 est particulièrement importante pour sauver les emplois au sein des entreprises qui avaient dû arrêter leurs activités. Cette mesure, dont le coût budgétaire est estimé à 1 milliard EUR et qui soutient tant les ménages que les entreprises, est à maintenir du fait de la reprise très partielle et lente de l’activité. Elle permet aux entreprises de conserver un lien avec leurs salariés (notamment les plus qualifiés, dépositaires d’un capital humain souvent irremplaçable) tout en délestant nos sociétés de leurs coûts salariaux durant la période de crise. En outre, ce soutien au pouvoir d’achat des ménages profite indirectement aux entreprises demeurant en activité.

Le dashboard publié par le Ministère de l’Economie retraçant l’évolution des aides accordées par l’Etat montre que le nombre d’aides non remboursables destinées aux petites entreprises et aux indépendants reste largement inférieur à ce qui avait été prévu et budgété par le Gouvernement. C’est a priori étonnant, car ces indemnités d’urgence immédiates constituent un soutien bienvenu et une bouffée d’oxygène indispensable pour les PME en manque de liquidités.

Il y a donc une différence importante entre le nombre d’aides demandées et accordées par le ministère découlant des critères d’éligibilité restrictifs, en raison notamment du critère de l’optique groupe qui élimine de nombreuses petites entreprises du bénéfice d’une aide non remboursable (cf. petites structures commerciales appartenant à un groupe de sociétés qui dépasse respectivement 10 ou 20 salariés, en fonction du type d’aide).

Malgré la vaste panoplie d’aides directes et indirectes, remboursables ou non, de crédits avec garanties étatiques, de reports[3] et moratoires, certaines entreprises affectées tombent à travers tous les filets. De même, pour les entreprises pouvant reprendre leurs activités progressivement (le 11 mai, ou seulement après le 1er juin), l’avenir est marqué par l’incertitude. La situation est particulièrement grave pour certaines activités commerciales, pour le secteur horeca, le tourisme et le secteur de l’événementiel. En effet, de nombreuses entreprises de taille plus importante sollicitent la helpline de la House of Entrepreneurship de la Chambre de Commerce pour obtenir des informations concernant la procédure des faillites. Elles envisagent l’arrêt définitif de leur aventure entrepreneuriale, plutôt que de continuer à s’endetter personnellement sans savoir si leur business plan pourra restaurer à terme leur profitabilité. D’autres entreprises se sont réorganisées pour garder un contact avec leur clientèle, mais travaillent avec une productivité largement réduite, voire à perte. 

Les nombreux retours du terrain plaident pour un paquet global en faveur des secteurs qui restent les plus touchés.

Certaines entreprises ayant un impact important sur le tissu économique luxembourgeois, employant entre 50 et 250 salariés, n’ont obtenu aucune aide jusqu’à présent, ou du moins ont reçu une aide très limitée par rapport au volume de leurs charges fixes à compenser. Or ces sociétés, employant un nombre important de salariés, devront supporter des frais fixes considérables lors de la phase de reprise progressive des activités. 

Un nouveau paquet global devrait comporter, à côté du prolongement des règles flexibles en matière de chômage partiel, notamment une aide directe non remboursable pour ces entreprises qui, sous une optique groupe, comptent entre 20 et 250 salariés. La faillite d’une de ces entreprises serait non seulement dramatique en termes économique et social, mais risquerait également de déclencher une spirale négative par la suite. Une telle aide pourrait prendre la forme d’une subvention directe non remboursable, calculée en fonction du nombre de salariés qui réintègrent leurs postes de travail, couvrant à la fois les cotisations patronales[4] ainsi qu’une partie des frais fixes. Ces derniers ne pourront en effet être couverts par le chiffre d’affaires qui sera péniblement réalisé lors de la reprise partielle de l’activité.

Cette incitation des entreprises à faire regagner les postes de travail par les salariés déchargerait de manière notable le budget alloué au chômage partiel et permettrait un certain retour à la normale pour les salariés concernés.

Sans un tel subside direct, les sociétés concernées – sans perspective de retour à la profitabilité dans les conditions actuelles – risquent d’arrêter définitivement l’activité, totalement ou pour plusieurs entités appartenant au groupe, avec des conséquences négatives sur l’emploi et la substance socio-économique du pays.

Se donner les moyens pour réussir la relance et pour (re)positionner au mieux le Luxembourg.

Divers acteurs économiques, dont la Chambre de Commerce, travaillent dès à présent aux plans de relance et préparent activement l’après-crise. Ils se concertent avec les entreprises et le Gouvernement dans une véritable démarche de solidarité collective et d’unité nationale. Les réflexions, les discussions et travaux afférents doivent s’accélérer pour déboucher rapidement sur un programme de relance ambitieux, positionnant le Luxembourg parmi les pays les plus vertueux et sortant renforcés de cette crise.

Les règles fondamentales de notre économie ne changeront pas après cette crise : les entreprises (auto-entrepreneurs, indépendants, jeunes entreprises, start-ups innovantes, entreprises familiales, hidden champions, global players, …) saines et performantes, grâce aux risques, apports et innovations des dirigeants et créateurs et grâce au travail des talents et de la main-d’œuvre qu’ils emploient, créeront durablement de la valeur et de la richesse qui sera redistribuée sous forme de salaires, dividendes, impôts et cotisations, dans l’intérêt de la collectivité. Pour réussir, les entreprises doivent évoluer dans un environnement pro-business, attractif et compétitif, d’autant plus que le Luxembourg restera en tout état de cause caractérisé par son ouverture extrême sur le reste du monde (ce qui explique à la fois le succès et la vulnérabilité de son modèle) et par une place financière internationale dont la réussite en termes de développement et de diversification est intimement liée à celle du modèle socio-économique du pays.

Le secteur financier semble en outre amortir quelque peu l’impact économique de la crise sur le Luxembourg, qui bénéficie par ailleurs de finances publiques plus saines que dans beaucoup d’autres nations européennes.

Le Luxembourg doit conserver une bonne résilience face aux autres chocs qui ne manqueront pas de survenir dans le futur. La présente crise illustre parfaitement l’importance de ce facteur. Ainsi, les pays dont les finances publiques sont saines disposent de plus grandes marges de manœuvre pour faire face à la crise, sur le plan sanitaire et du point de vue économique. Nous devons certes parer au plus urgent à court terme, mais en renforçant en parallèle et de la manière la plus systématique nos capacités de résistance à une nouvelle crise.

Un programme de relance et de résilience devrait comporter au moins trois composantes.

Le futur programme doit être le fruit d’un véritable « consensus national » rappelant les meilleures heures de la Tripartite.

Il s’agit en premier lieu d’investir massivement dans l’avenir, avec des infrastructures performantes et une recherche à la pointe. Il faut saluer les annonces du Gouvernement de vouloir poursuivre son programme ambitieux d’investissements malgré la dégradation sensible des finances publiques. Il sera probablement difficile de maintenir au niveau prévu les investissements publics prévus dans le budget de l’Etat 2020, face à une forte baisse de la productivité de l’appareil national de production. Il est d’autant plus important de reporter les projets non réalisés à 2021 et au-delà, afin de consolider une reprise qui en aura bien besoin. En parallèle, le Gouvernement pourra réajuster et réorienter les investissements en fonction des besoins du programme de relance et des nouvelles priorités qualitatives s’annonçant pour l’après-crise.

Dans le domaine de la santé et des infrastructures pour seniors tout d’abord, afin de renforcer de manière proactive notre résistance à de futurs chocs sanitaires et épidémiologiques et afin de parer à toute pénurie médicale dans le futur car la pyramide des âges est préoccupante dans ce secteur. Un « écosystème santé » pourrait par ailleurs devenir un véritable pôle de diversification du Luxembourg.

Les mutations au niveau des chaînes d’approvisionnement et de production vont remodeler la globalisation, sans la remettre en question. Si l’Europe parvient à relocaliser une production industrielle en son sein, le Luxembourg doit être prêt à accueillir de nouvelles industries à forte composante de RDI et à la pointe des progrès technologiques et environnementaux. La politique industrielle, énergétique, environnementale et d’aménagement du territoire du pays doit favoriser une telle relocalisation industrielle.

Il faut songer également à un véritable pôle de la croissance qualitative, intégrant l’économie circulaire, des programmes d’efficience énergétique et les énergies renouvelables. Sans oublier les usual suspects que sont la mobilité et le logement. Ce dernier ne peut être perdu de vue, car il se pourrait paradoxalement que l’immigration nette augmente suite à la crise, alimentant la demande immobilière. Notre pays fait figure d’exemple en matière de gestion de la crise sanitaire, ce qui est un formidable atout de marketing et de nation branding pour le Grand-Duché.

La mobilité quant à elle est à réévaluer dans la foulée du covid-19, qui risque d’affecter les modalités de déplacement, tout comme l’impact de l’utilisation croissante du télétravail tant sur la mobilité que sur la demande d’espaces de bureaux. D’autres priorités restent le numérique, les télécommunications, la formation et la RDI (recherche, développement, innovation). Un effort d’investissement particulier devrait enfin viser à assurer au Luxembourg une autonomie suffisante dans des domaines aussi stratégiques que les équipements de santé, le tourisme, la logistique ou la filière alimentaire.

En deuxième lieu, il nous faut fixer le cap en matière de finances publiques afin de recréer des marges budgétaires, dans un véritable esprit de politique budgétaire anti-cyclique. Une stratégie d’assainissement « à fond la caisse » à court terme serait dangereuse sur un plan économique et social. Mais cela ne signifie nullement que nous devrions écarter toute rigueur budgétaire : il nous faut au contraire élaborer au plus vite un cadre cohérent de gestion à moyen terme des finances publiques, comprenant de solides points d’ancrage. Avec en premier lieu un objectif d’endettement (et de patrimoine…) à moyen terme qui intègre les besoins précités en investissements de même que les coûts du vieillissement futur.

Il en découlera des objectifs de soldes budgétaires annuels, qui devront continuer à faire l’objet d’une programmation pluriannuelle. Ce n’est que lorsque le Grand-Duché aura retrouvé un solide ancrage budgétaire qu’il sera capable de parer efficacement à tout choc futur éventuel et de préparer la « prochaine crise », quelle que soit sa nature profonde. Inutile de rappeler que la notation AAA a encore aidé le Gouvernement à faire appel aux marchés pour des emprunts à des conditions favorables. Cette notation optimale, qui reflète la confiance des marchés dans la capacité de remboursement de la dette de l’Etat, doit être conservée à tout prix.

En troisième lieu, il nous faut renforcer de manière structurelle la résilience de nos entreprises face à tous les chocs pouvant émailler notre futur. En veillant à leur compétitivité au sens large du terme, à un environnement des affaires favorable à l’innovation. Un tel écosystème est essentiel pour une petite économie très ouverte, apte à sensibiliser et à motiver les jeunes à l’entrepreneuriat et à attirer les talents et les investisseurs dont elle a besoin.

Une fiscalité performante n’est pas le moindre de ces aspects et elle n’est pas antinomique du tout par rapport à des finances publiques solides à moyen terme. Par exemple, une feuille de route transparente, détaillant l’évolution du taux d’affiche des impôts directs à charge des sociétés dans les années qui viennent et favorisant l’installation au Luxembourg de personnes dotées de compétences particulières (dans le domaine de la santé, de la digitalisation, de la sécurité informatique, de la logistique, …) ne doit pas être vue uniquement sous l’angle du « déchet budgétaire ». Elle contribuerait en effet à renforcer notre assise économique et le déclenchement d’effets de retour positifs. Des charges salariales évoluant plus en phase avec les gains de productivité amélioreraient également la résilience de nos entreprises. Devrait s’y ajouter des efforts additionnels de simplification administrative et de digitalisation continue des services administratifs publics.

L’impact du covid-19 va nous obliger à faire preuve de beaucoup d’imagination, d’audace et de courage pour faire dès à présent des choix intelligents, ambitieux et inédits, alors que l’avenir est plus incertain que jamais.


[1] La Chambre de Commerce soutient les entreprises lors de cette crise avec des formations et conseils, des octrois de garanties via sa Mutualité de Cautionnement et un accompagnement ciblé des entreprises, notamment à travers son initiative ReAct. Elle a émis récemment 11 propositions de mesures à court terme pour aides les entreprises. Elle propose notamment d’alléger les coûts fixes des entreprises et de soutenir leurs liquidités, la restitution des avances remboursables seulement lors du retour des entreprises à une meilleure fortune, une réouverture (certes en toute sécurité) des commerces et restaurants, une exemption ciblée des cotisations sociales pour les très petites entreprises, une révision de la procédure des faillites ou encore la constitution d’un fonds de stabilisation. Enfin, des aides ciblées aux ménages, par exemple des « chèques Corona » à utiliser dans les commerces ou restaurants, permettraient d’assurer la survie de ces activités tout en confortant le pouvoir d’achat des ménages les plus fragiles (voir https://www.cc.lu/relance/ pour l’ensemble des mesures proposées).

[2] Les impacts macro- et microéconomiques de la crise sont énormes, tout comme les incidences sur les finances publiques. Diverses institutions confirment les craintes d’un net décrochage du PIB en 2020, qui serait suivi par un probable rebond (mécanique) en 2021. Ainsi, tant le STATEC, avec un scénario ayant servi de base à l’élaboration du nouveau Programme de Stabilité et de Croissance du Luxembourgeois (PSC), que le FMI et la Commission européenne ont récemment annoncé une baisse du PIB en volume de respectivement 6%, 4,9% et 5,4% au Luxembourg en 2020. Ils soulignent par ailleurs de forts risques à la baisse, par exemple une seconde vague de l’épidémie ou un affaissement plus accentué que prévu de la demande extérieure. Au mieux, le PIB stagnerait durant la période 2020-2021, alors qu’il aurait sans doute augmenté de 5 à 6% si le virus avait passé son chemin. Quant aux finances publiques, le PSC indique que sur la base des mesures adoptées avant la fin avril, le déficit des administrations publiques se monterait en 2020 à près de 5 milliards EUR, soit 8,5% du PIB. Il s’agirait là du déficit le plus élevé depuis que les chiffres existent, en raison de l’incidence de la crise sur l’activité économique et des mesures qui ont dû être prises dans l’urgence, plus celles qui devront s’y ajouter au fil du temps. De ce fait, la dette publique se rapprocherait nettement en 2020 et en 2021 de la limite des 30% du PIB fixée dans l’accord de coalition de 2018.

[3] Dans une étude récente, Rexecode considère d’ailleurs (pour la France) que 14% des reports de charges et d’impôts seront définitivement perdus par l’Etat, en raison de faillites notamment. Transposé dans le cas du Luxembourg, ce serait un montant de l’ordre de 700 millions EUR.

[4] Il s’agit d’une des 11 mesures que la Chambre de Commerce a présentées récemment. 

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