… une autre façon de présenter le projet budgétaire

Mes derniers posts visaient à présenter de manière brute quelques chiffres illustrant l’impasse budgétaire dans laquelle le Luxembourg est en train de glisser définitivement. Le clip vidéo en annexe est une autre manière de présenter le projet de budget 2013. Merci pour vos commentaires.

 

Le budget de l’Etat 2013 en chiffres from Luxembourg Chamber of Commerce on Vimeo.

4 thoughts on “… une autre façon de présenter le projet budgétaire

  1. Plutôt effrayant !
    Présenté comme ça on se demande ou ça va s’arrêter.
    Les mots réformes structurelles prennent tout à coup beaucoup plus de sens… malheureusement.

  2. Cher Monsieur Thenlen,

    J’avoue ma surprise, vous aviez écrit au mois d’octobre des chiffres parfaitement exacts, mais l’interprétation que vous en faisiez était à l’évidence pour une partie en tous les cas, fausse et pour l’autre, elle me semblait de nature à vouloir évoquer par leur truchement des analyses qui laissait entrevoir une incitation manipulatoire.
    Certes, il est dans votre droit d’ignorer ces commentaires en les passant sous silence. Mais alors à quoi bon créer un blog, qui au demeurant me semblait être un lieu d’expression très dynamique. Et plutôt intéressant pour vous-même autant que pour vos lecteurs.
    Je le regrette d’autant plus, que j’avais jusqu’ici, une assez bonne image concernant la sincérité de vos propos et même d’une certaine hégémonie qui ressortait de vos analyses.
    Je me permets donc de vous écrire que vos chiffres sont justes. Mais que l’analyse que vous faites des articles cités dans vos commentaires est fausse ou faussement interprétée. Au moins pour ceux correspondant aux commentaires que je vous avais déjà transmis.
    Le gouvernement luxembourgeois me semble-t il vient de composer par l’intermédiaire de ce budget avec différents courants politiques, un équilibre intéressant.
    Bien évidemment rien n’est parfait, mais je n’ai pas pu analyser les propositions que vous souhaitiez vous-même soumettre en remplacement ou en accompagnement de celles qui nous étaient avancées.
    Il me semble que le Luxembourg ait fait depuis cinq ans des choix assez cohérents, et je vous assure garder une certain critique pour quelques uns d’entre eux.
    Néanmoins, ceux-ci correspondent, assez précisément à une manière subtile d’affronter la situation économique actuelle.
    Et encore une fois, je pense que le gouvernement devrait oser se démarquer encore d’avantage du panurgisme européen actuel, pour prendre définitivement ou plutôt pour une décennie une avance exceptionnelle sur les axes financiers et économiques qui sont clairement choisis. Ce qui lui procurerait une dynamique plus grande encore, sans balayer d’un revers de manche le respect d’engagements sociaux très gros consommateurs budgétaires.
    Ce budget est un budget de compromis socio-économiques assez intéressant. Ma critique serait de dire qu’il aurait peut-être encore fallut aller plus loin.
    Bien Cordialement.

    • Cher Monsieur Maillet,
      Permettez-moi tout d’abord de vous remercier chaleureusement de vos deux commentaires relatifs aux chiffres clés du budget 2013. Vous avez raison – un blog est une plateforme d’échange. Je vous reviens avec un certain retard par rapport à votre contribution du 10 novembre, ce qui n’enlève rien à la pertinence de votre analyse !
      Tout se discute, et c’est notamment le cas pour les données et tendances économiques. Au-delà des maints avis fouillés et prises de position volumineuses qui circulent sur les finances publiques et l’économie en général, j’ai décidé de proposer quelques chiffres phares de manière simple, brute et ludique. Une telle approche, si elle interpelle d’un point de vue communication, a bien sûr des limites : un chiffre assorti d’une phrase de commentaire sort nécessairement le propos qu’il analyse de son contexte global. Ceci rend une telle approche vulnérable et prône aux critiques.
      Laissez-moi réagir spécifiquement à l’un ou l’autre propos que vous avancez. Je pense personnellement que la seule prise en compte des intérêts de la dette publique est une approche insuffisante. La première fois la dette contractée, l’Etat peut en faire quelque chose : construire une école, prendre une participation, ou même simplement financer son déficit. S’il ne parvient plus à dégager des marges de manœuvres financières, il est obligé de « rouler » cette dette, c’est-à-dire de la refinancer encore et encore. Une nouvelle dette doit être contractée non pas pour investir, mais simplement pour refinancer l’ancienne. Si, au-delà du refinancement, l’Etat souhaite investir sans disposer de réserves suffisantes, il doit, au-delà du refinancement, contracter une nouvelle dette additionnelle qui elle, aussi, devrait être constamment refinancée. Pour moi, ceci s’apparente à un cercle vicieux. Le fait de ne payer ou de ne considérer « que » les intérêts équivaut à dire que chaque acquisition à crédit puisse être financé ad aeternam, alors que la vétusté et l’amortissement de l’investissement en question empêche son utilisation infinie.
      Concernant la sous-estimation des recettes budgétaires, je pense personnellement qu’à la fois le projet de budget 2012 et 2013 ont été établis en prenant en compte des hypothèses de croissance rigoureusement volontaristes, alors que nombre d’indicateurs conjoncturels précurseurs pointaient dans une direction plus négative. En application du principe de prudence ou du principe d’une gestion en bon père de famille, j’estime qu’un projet de budget crédible doit tenir compte des dernières données conjoncturelles disponibles, et non pas simplement de la dernière prévision « officielle » établie 10 semaines plus tôt. 10 semaines par les temps qui courent, c’est une éternité.
      La génération de la richesse économique précède sa redistribution. La redistribution, ce n’est rien d’autre que les dépenses budgétaires. Concernant le rythme de progression des dépenses, je pars du principe que nous ne pouvons pas durablement « distribuer » plus rapidement la richesse que nous la créons. Or, c’est ce qui se passe : le rythme de progression des dépenses dépasse la croissance économique, qui est d’ailleurs la grande absente de ces 5 dernières années. Et la politique mise en œuvre depuis la crise, qu’elle soit le fruit de dépenses supplémentaires ou de réformes structurelles sans impact budgétaire (simplification administrative, refonte des automatismes réglementaires, etc.) n’a jusqu’à présent pas permis de relancer durablement et structurellement notre économie.
      Je voudrais conclure tout simplement en disant que pour un même chiffre, plusieurs interprétations sont possibles. Il n’y a sans doute pas une seule vérité irréfutable. C’est tout l’art du débat contradictoire de pouvoir discuter sur les différentes interprétations possibles dans le respect mutuel. Je vous remercie encore de votre franc-parler.

  3. A mon tour de vous remercier de votre réponse.
    Il ne s’agit pas d’une polémique, et si c’était le cas, ce qui n’est pas négatif en soi, je souhaite que tout cela soit constructif.
    Je suis d’accord pour dire que faire rouler la dette par des emprunts annuels constants et répétitifs reste une erreur stratégique. Mais essentiellement parce que avec l’argent emprunté l’Etat ne créé par de richesses nouvelles et supplémentaires qui viendront assurer les intérêts des dettes précédentes.
    Ce que vous expliquez dans le cadre d’un refinancement ad aeternam est juste, sauf que dans une période aussi tendue qu’actuellement, pour conserver des réserves suffisantes, soit le gouvernement augmente la fiscalité proportionnellement au comblement des besoins budgétaires, soit a recours à de nouveaux emprunts.
    Bien évidemment cette technique d’emprunts ne peut qu’être destinée à franchir un cap momentané et certainement pas un mode de gestion courant.
    Cependant, dans les circonstances que nous connaissons, par le fait que l’Etat demeure éternel, cette solution, sans être durable, est acceptable.
    Ce qui ne l’est pas par contre et que je condamne comme vous, c’est de se servir de ces emprunts à répétition pour le paiement d’anciens intérêts et que de nouveaux emprunts seront nécessaires pour les intérêts de ceux contractés aujourd’hui.
    Ce cercle vicieux dont vous parlez vient essentiellement du fait qu’avec cet argent l’Etat ne constitue aucune valeur ajoutée nouvelle, ça, je vous l’accorde c’est critiquable.
    Pourquoi ?
    Essentiellement, pour deux raisons :
    • D’abord à cause de l’absurdité du Traité de Lisbonne, dont l’article 123 impose aux Banques centrales européennes de ne plus prêter aux Etats en direct. Ce qui leur impose le paiement d’intérêts colossaux via les banques privées, au lieu de frapper eux-mêmes monnaie au prorata des besoins de liquidités dont ils auraient besoin pour relancer la machine économique.
    • En second lieu parce les ratios (3&60%) imposés par l’Europe, en pleine crise, consommatrice de tellement de cash est l’une des plus grandes absurdités actuelles. Je suis pour le fait que chaque Etat dispose d’autant de cash dont il a besoin pour injecter en quantité aussi importante que la relance de son économie locale l’impose. A la condition de vérifier et de gérer trimestriellement la monnaie en circulation pour réguler les dérapages inflationnistes. Vous savez qu’on a remis à Milton Friedmann un prix Nobel d’économie quand il démontra que l’inflation dans certaines conditions s’autorégulait. Et ce sont assez précisément les conditions économiques actuelles.
    Du coup, chaque pays serait alors capable d’influer positivement sur la conjoncture actuelle. Imaginez ce qu’au Luxembourg 1% de croissance du PIB, fait entrer comme recettes fiscales supplémentaires, sans que les ménages les plus modestes ni soient de leur poche.
    Malheureusement, il n’est plus question de gérer en “bon père de famille” !
    Actuellement, qu’ils le veuillent ou non tous les gouvernement sont devenus des aventuriers livrés à une gestion de crise jamais vue. Il n’est malheureusement plus question de prudence. La crise est telle que la prudence c’est ce qui se fait de pire à l’heure actuelle. Elle conduit à l’austérité et à l’ascétisme des allemands, qui donnent des résultats catastrophiques partout ailleurs.
    La situation rencontrée s’apparente au redressement de sociétés en quasi faillite. Et pour ce faire, seuls d’hyper-spécialistes disposant de la compétence adéquate, sont capables de redresser la barre. Et les mesures doivent être à retour rapide.
    Redistribuer de la richesse, impose qu’il s’en constitue. Je suis bien d’accord. Mais pour cela vous ne pouvez faire dans la prudence.
    Tous les gouvernements européens (le Luxembourg est dans le haut du tableau), doivent au contraire disposer de la plus grande quantité de moyen à injecter dans l’économie réelle. Générer à nouveau de la richesse n’est pas quelques chose qu’il faut attendre même avec patience. Générer de la valeur ajoutée dépend de la politique économique que choisira d’adopter le gouvernement. Ce n’est pas le fruit du hasard. Il ne faut pas attendre qu’elle vienne cette relance. Ce sont nos gouvernants qui doivent aller la chercher.
    Relancer l’économie n’est pas une mince affaire. Nous n’y sommes pas arrivés dites-vous. Et bien, continuons. Mais pas comme cela a été fait jusqu’ici avec des emprunts qui constituent surtout le “fonds de commerce” des banques privées.
    Mon franc-parler, cher Monsieur, s’adresse à quelqu’un dont j’estime surtout la sincérité.

    Bien cordialement.

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